Category: Spiritualité

Sep 03

De la gentillesse

Nous devrions toujours être extrêmement prudents quand nous décidons d’être gentils.

Un acte de gentillesse est tout sauf neutre, et de fait très inconfortable à vivre. En effet quand quelqu’un est gentil avec nous, nous lui sommes redevables. C’est plus qu’une loi sociale, ça fait partie de la psyché humaine. Un exemple simple illustre cet énoncé : laisseriez-vous un parfait inconnu être gentil avec vous ? Eh, qui aime avoir une dette envers quelqu’un dont il ne sait rien? En fait plus ce dernier multiplierait les actes altruistes à votre égard, et plus vous auriez envie de mettre une distance, d’échapper à la « dette » qu’il est en train de vous faire contracter.

De toute façon  c’est soit ça soit vous niez toute dette et sombrez illico dans l’ingratitude. Considérer le dévouement de quelqu’un comme un dû, c’est bon pour un rapport maitre-esclave (l’exemple qui me vient de suite à l’esprit sont les relations que développe l’enfant gâté envers ses parents trop dévoués). Ne pas éprouver de reconnaissance (de dettes) revient de fait à considérer l’autre comme le dernier des péons.

Faire acte de gentillesse, c’est donc provoquer une situation tout sauf neutre, et dont les implications sont très dangereuses pour les 2 partis.

Quel est alors le meilleur moyen d’être gentil ?

Simple, et vous allez voir à quelle point cette notion de dette fait partie du processus de la gentillesse, car sans elle c’est tout sauf sexy : anonymat pure et simple ou dissimulation complète de l’acte de gentillesse.
La méthode la plus courante est de proposer d’aider en présentant la chose comme quoi c’est la personne aidée qui rend en fait le service. « Prend donc des pots de confiture, on en a beaucoup trop ca va finir au fond de la cave sinon et j’aime pas le gâchis ».

Vous l’aurez compris le principe dans les grandes lignes, c’est que c’est le gentil qui dit merci.

Dans ce cas de figure, vous ne contracterez pas vraiment de dette même si en extérieur c’est vous qui vous présentez comme redevable. Vous avez juste annulé la dette que la personne en face devrait ressentir, celle-ci est donc libre d’accepter sans éprouver l’obligation d’un « remboursement » ultérieur. D’ailleurs, être gentil dans cette optique ne vous apportera absolument rien, et surtout pas une once de  reconnaissance si vous faites bien votre boulot.

Et si d’un coup l’acte de gentillesse ne vous semble que de peu d’intérêts, je vous le dis sans détour : vous êtes gentil pour de mauvaises raisons.

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