Category: Médias

Mai 05

Le jeu de la mort

Alors si tu n’as pas vu ce documentaire, tu pourras le trouver en torrent ici : https://torrentportal.com/download/1530312/Le.Jeu.De.La.Mort.FRENCH.DVDRip.XViD-KRiSTAL.avi.torrent.

Si tu n’as pas de logiciel Peer to peer, tu peux toujours installer Opera, qui est un très bon browser au passage. Copie colle alors directement le lien dans la barre d’adresse d’Opera, ou encore revient sur ce blog par son intermédiaire et clique sur le lien, il fera le reste.

Si tu n’as pas vu le documentaire ET que tu es complet largué par la petite manip’ ci-dessus, bah zap ce post ça va pas trop te parler. T’inquiète, des illustrations et autrement plus utiles, il y en aura d’autres !

Bon, maintenant qu’on est entre gens qui ont vu le docu, je vous livre mon point de vue.

Officiellement, il s’agit ici d’une reproduction – remise au goût du jour – de l’expérience scientifique de Milgram. Je te le dis tout de suite, j’ai beaucoup aimé le docu mais présenter comme ca il s’agit d’une imposture.

Il existe en effet une différence tellement énorme entre l’expérience de milgram originale et celle-ci que toute analogie entre les 2 est faussée.

Non ce n’est pas du  jeu télévisé en lui même dont il s’agit.

Il s’agit du public.

Bien sûr, il est fait vaguement mention d’un échantillon test avec le public seul sans la présentatrice, qui donnerait des chiffres prouvant que l’influence du public est de toute façon minime : 75% des candidats épargnent l’acteur. Mais déjà ils ne donnent pas de chiffres sur cet échantillon représentatif, ensuite ils ne respectent plus les 5 injonctions dans le processus (ben oui la présentatrice n’est plus là pour le faire…). En gros, ils parlent de l’aspect public 2 mns, juste pour se couvrir en cas d’objection…

Et bien, objectons !

Pour rappel, voici les 5 injonctions (de mémoire)

Continuez je vous prie

C’est à vous !

Dans 10mns, c’est lui qui va vous remercier d’avoir persévéré (injonction particulièrement vicieuse celle ci!)

Nous prenons l’entière responsabilité de tout ceci

L’appel au public

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais la phase 5 a été déterminente pour plusieurs candidats suivis dans le documentaire. Et pour cause !

Que nous dit la physique quantique, que nous dit le regard de l’autre, que nous dit le langage corporel : l’observateur influence l’observé.

Si Milgram avait fait son expérience avec le même levier que le public du jeu de la mort, il aurait certainement obtenu les mêmes chiffres (mais bon comme le propos caché de ce docu est quand même de bien casser la TV, ça ferait tâche non?).

Mais là n’est même pas mon propos. Le vrai pouvoir qui a été exhibé ce soir là à la télévision n’était pas le pouvoir que l’on exerçait sur le candidat, mais sur le public.

Observez bien : le public a été composé en tout de 2000 personnes. 2000 personnes qui n’ont pas subi d’entretien de « mise en condition », qui n’ont rien signé. 2000 personne qui se sont déplacées à leur propres frais (à la différence des candidats), 2000 personnes qui ont eu le droit à 15mms de chauffe avant le début de l’émission et basta (j’ai assisté à ce genre de truc car il fut un temps où j’allais voir « Nulle Part Ailleurs » de Canal+ sur les gradins, je vous en parlerai peut être un jour…mais bon en substance la chauffe du public ne va pas bien loin, c’est une mise en bouche pour un spectacle et non une manipulation d’opinion).

Hors que font ces 2000 personnes ? Elles huhulent le candidat quand il refuse d’aller jusqu’au bout, même quand ce jusqu’au bout signifie une décharge mortelle.

toile de Grégoire DebaillyToile de Grégoire Debailly

Le vrai pouvoir est là. Pas celui exercé sous les projecteurs, mais le pouvoir qui règne dans la marge, sur les gradins.

Peut être que vous aussi vous êtes posé la question : et si j’avais été à sa place, aurais-je été jusqu’au bout? Moi pendant l’émission je m’imaginais au 4eme rang du public et j’essayais de me voir me lever, et commencer à taper le scandale. Tout de suite j’ai bien compris la nature de l’inhibition qui m’aurait habité alors : je n’étais rien, je n’avais aucun rôle, ni aucun droit d’intervenir.

Le grand danger dénoncé ce soir là serait-il que l’on puisse faire faire n’importe quoi à n’importe qui ? Certes, c’est un danger. Mais le principal vertige qui devrait nous saisir est d’une toute autre nature : nous pouvons tolérer le pire si nous pensons n’avoir aucun rôle à jouer.

Et ce sentiment, c’est la 1ere utilité de la télévision.

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